Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Gardienne d'Ombre
La Gardienne d'Ombre
Derniers commentaires
Archives
La Gardienne d'Ombre
  • Et si la magie existait ? Et si deux mondes étaient en parallèle ? Et si les gardiens du monde magique pouvaient vivre parmi nous ? Découvrez les premières page de mon roman La Gardienne d'Ombre et suivez Cécile au fil des mots.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
18 mars 2010

II - 4

 

« Je ne me souviens plus très bien en quelle année tout à exactement commencé. Je devais avoir vingt-six ou vingt-sept ans pour peu que je me rappelle et que ma mémoire ne me joue pas trop de tours. Je me promenais, comme à mon habitude, dans les carrières par un beau matin ensoleillé. Il faisait frais. La rosée décorait la végétation de milles perles étincelantes. Le printemps commençait tout juste à pointer le bout de son nez entraînant l’épanouissement de la flore et le réveil de la faune. Le gazouillis des oiseaux me parvenait aux oreilles, mélodie apaisante.

Je choisis ce jour là de descendre par les mares, curieux d’entendre le coassement des batraciens à l’aube leurs parades nuptiales. J’appréciais la cacophonie résultant de la lutte entre les mâles pour tenter d’attirer leurs femelles. Je me suis toujours demandé de quel manière elles finissaient par s’y retrouver. Mais la nature est bien faite et aux oreilles des amphibiens femelles le cri dissonant des gorges mâles devait se transformer en une symphonie des plus douce.

            L’hiver pluvieux avait fait naître de nouveaux ruisseaux. Ce fut la première année que coula celui marquant l’entrée des mares. Ne pouvant descendre par le chemin habituel je pris le sentier passant en surplomb. Là au moins j’étais sûr d’avoir les pieds au sec. L’humus dégageait son agréable senteur caractéristique à chacun de mes pas. Les arbres, principalement chênes, hêtres et bouleaux, commençaient à masquer la vue du ciel, leurs branches et leurs feuilles s’entrelaçaient pour former un toit de verdure. J’avais une étrange sensation que je n’identifiais pas immédiatement. Tout en poursuivant ma ballade je réfléchissais à ce qui me perturbais. Puis soudain je me rendis compte que le chant mélodieux des oiseaux s’était fait plus rare, plus lointain, que le coassement discontinu des grenouilles était moins intens e que ce à quoi je m’étais attendu. Ce pouvait-il que je ne soit pas seul dans le bois ? Possible. Après tout même si je chérissais ces lieux que j’arpentais depuis mon enfance ils ne m’appartenaient nullement. Mais j’avais quand même ce sentiment que l’on me guettais.

Une fois arrivé sur le plateau - qui devait devenir plus tard l’ancienne piste d’essai de véhicules militaires que tu connais aujourd’hui - mes pensées reprirent leur cours, s’attardant sur la magnificence d’une nature printanière en effervescence après un sommeil de plusieurs mois. Bruyères et genêts étalaient leurs branches épineuses couvertes de bourgeons roses et jaunes sur le lit rougeâtre du sol rocheux chargé de minerai de fer. A l’abri des arbres l’air était chargé des effluences des feuilles mortes et de la mousse courant sur le sol et le tronc des arbres tandis que là, sur le plateau, la brise soulevait un mélange de parfums plus variés. Au loin j’entendais la rivière dévaler le barrage et son échelle à poissons.

            Je restais un moment debout, là, les yeux fermés, à écouter et humer la nature. Toutes ces odeurs m’étaient familières et j’aimais les retrouver à chaque printemps. Lorsque je rouvris les yeux la clarté m’éblouis quelque peu, la lumière du soleil se reflétant sur le sol. Je décidais alors de descendre non pas directement pas la pente bétonnée qui existait déjà, celle qu’un panneau rouillé et branlant aujourd’hui recouvert par la végétation annonçait à cinquante pour cent, et l’escalier recouvert de mousse situé en contre-bas, mais par les chemins carrossables opposés. A l’époque ils étaient encore larges et un véhicule pouvait encore largement passer. Ce n’est plus le cas maintenant et se frayer un passage sans éraflure relève du miracle tellement les massifs de ronces et de genêts ont au fil des ans repris leurs droits.

            C’est au détour d’une des boucles du sentier que je fit une rencontre qui changea ma vie. A terre gisait un homme. Sur le moment je crus qu’il était mort, masse inerte, vêtu d’une longue cape de voyage gris anthracite, les cheveux longs emmêlés d’un gris terne juste un peu plus clair que le manteau. Ses bras étaient tendus vers l’avant, paumes vers le sol, comme s’il avait essayé de ramper. Je m’approchai doucement lorsqu’il releva le menton. Je failli tomber à la renverse et étouffai un cri de surprise. Je ne m’étais pas rendu compte qu’il respirait et son brusque mouvement, même s’il fut minime me surpris. Le temps de me remettre de mes émotions l’homme avait de nouveau perdu connaissance et s’étendait, inanimé, le nez dans la poussière. »

 

Table des Matières

 

Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité