Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La Gardienne d'Ombre

La Gardienne d'Ombre
Derniers commentaires
Archives
La Gardienne d'Ombre
  • Et si la magie existait ? Et si deux mondes étaient en parallèle ? Et si les gardiens du monde magique pouvaient vivre parmi nous ? Découvrez les premières page de mon roman La Gardienne d'Ombre et suivez Cécile au fil des mots.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
26 septembre 2010

J'étais médecin dans les tranchées - Louis Maufrais

Carnet de guerre raconté et illustré par Louis Maufrais, médecin au front durant la Première Guerre Mondiale, qui nous emmène sans jugement dans le quotidien du front et ses atrocités. Difficile de se mettre à la place de ces hommes qui ont combattus ou soignés les blessés pour notre patrie. Ecriture d'une douceur impressionnante nous faisant certaines fois presque oublier qu'il s'agit de la Grande Guerre.

A lire !

J'étais médecin dans les tranchées - Louis Maufrais

9782221109182FS

Publicité
8 septembre 2010

La Saga des Fourmis - Bernard Werber

Que dire de cette trilogie ? Elle est incontournable ! C'est un chef-d'oeuvre que Bernard Werber nous livre avec ces trois tomes. Le lecteur parcours les galeries de sa propre fourmilière intérieur pour essayer d'en découvrir les salles cachées, ses envies, ses attentes. Remise en cause permanente de notre vision humaine du monde, réflexion et énigmes, en bref une saga à lire et vraisemblablement à relire.

De plus avec son Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu d'Edmond Wells (dont il existe une version internet éditée par des fans), Werber nous intrigue et nous cultive... La prochaine étape est celle de la lecture...

La Saga des Fourmis - Bernard Werber

les_fourmiswerber4werber2

19 mars 2010

Sepulcre - Kate Mosse

Que dire de ce livre? Un plaisir énorme de retrouver la plume de Kate Mosse qui écrit vraiment d'une manière envoutante. Les descriptions, l'histoire réelle et l'histoire fictive, l'action, tout se marie à merveille dans ce deuxième roman qu'il est tout à fait possible de lire indépendamment du premier.

Cependant, j'ai trouvé le charme moins performant et moins porteur que pour Labyrinthe. Mais tout est une question de goût.

A lire bien entendu !

Sépulcre - Kate Mosse

sepulcre_poche_09

18 mars 2010

II - 4

 

« Je ne me souviens plus très bien en quelle année tout à exactement commencé. Je devais avoir vingt-six ou vingt-sept ans pour peu que je me rappelle et que ma mémoire ne me joue pas trop de tours. Je me promenais, comme à mon habitude, dans les carrières par un beau matin ensoleillé. Il faisait frais. La rosée décorait la végétation de milles perles étincelantes. Le printemps commençait tout juste à pointer le bout de son nez entraînant l’épanouissement de la flore et le réveil de la faune. Le gazouillis des oiseaux me parvenait aux oreilles, mélodie apaisante.

Je choisis ce jour là de descendre par les mares, curieux d’entendre le coassement des batraciens à l’aube leurs parades nuptiales. J’appréciais la cacophonie résultant de la lutte entre les mâles pour tenter d’attirer leurs femelles. Je me suis toujours demandé de quel manière elles finissaient par s’y retrouver. Mais la nature est bien faite et aux oreilles des amphibiens femelles le cri dissonant des gorges mâles devait se transformer en une symphonie des plus douce.

            L’hiver pluvieux avait fait naître de nouveaux ruisseaux. Ce fut la première année que coula celui marquant l’entrée des mares. Ne pouvant descendre par le chemin habituel je pris le sentier passant en surplomb. Là au moins j’étais sûr d’avoir les pieds au sec. L’humus dégageait son agréable senteur caractéristique à chacun de mes pas. Les arbres, principalement chênes, hêtres et bouleaux, commençaient à masquer la vue du ciel, leurs branches et leurs feuilles s’entrelaçaient pour former un toit de verdure. J’avais une étrange sensation que je n’identifiais pas immédiatement. Tout en poursuivant ma ballade je réfléchissais à ce qui me perturbais. Puis soudain je me rendis compte que le chant mélodieux des oiseaux s’était fait plus rare, plus lointain, que le coassement discontinu des grenouilles était moins intens e que ce à quoi je m’étais attendu. Ce pouvait-il que je ne soit pas seul dans le bois ? Possible. Après tout même si je chérissais ces lieux que j’arpentais depuis mon enfance ils ne m’appartenaient nullement. Mais j’avais quand même ce sentiment que l’on me guettais.

Une fois arrivé sur le plateau - qui devait devenir plus tard l’ancienne piste d’essai de véhicules militaires que tu connais aujourd’hui - mes pensées reprirent leur cours, s’attardant sur la magnificence d’une nature printanière en effervescence après un sommeil de plusieurs mois. Bruyères et genêts étalaient leurs branches épineuses couvertes de bourgeons roses et jaunes sur le lit rougeâtre du sol rocheux chargé de minerai de fer. A l’abri des arbres l’air était chargé des effluences des feuilles mortes et de la mousse courant sur le sol et le tronc des arbres tandis que là, sur le plateau, la brise soulevait un mélange de parfums plus variés. Au loin j’entendais la rivière dévaler le barrage et son échelle à poissons.

            Je restais un moment debout, là, les yeux fermés, à écouter et humer la nature. Toutes ces odeurs m’étaient familières et j’aimais les retrouver à chaque printemps. Lorsque je rouvris les yeux la clarté m’éblouis quelque peu, la lumière du soleil se reflétant sur le sol. Je décidais alors de descendre non pas directement pas la pente bétonnée qui existait déjà, celle qu’un panneau rouillé et branlant aujourd’hui recouvert par la végétation annonçait à cinquante pour cent, et l’escalier recouvert de mousse situé en contre-bas, mais par les chemins carrossables opposés. A l’époque ils étaient encore larges et un véhicule pouvait encore largement passer. Ce n’est plus le cas maintenant et se frayer un passage sans éraflure relève du miracle tellement les massifs de ronces et de genêts ont au fil des ans repris leurs droits.

            C’est au détour d’une des boucles du sentier que je fit une rencontre qui changea ma vie. A terre gisait un homme. Sur le moment je crus qu’il était mort, masse inerte, vêtu d’une longue cape de voyage gris anthracite, les cheveux longs emmêlés d’un gris terne juste un peu plus clair que le manteau. Ses bras étaient tendus vers l’avant, paumes vers le sol, comme s’il avait essayé de ramper. Je m’approchai doucement lorsqu’il releva le menton. Je failli tomber à la renverse et étouffai un cri de surprise. Je ne m’étais pas rendu compte qu’il respirait et son brusque mouvement, même s’il fut minime me surpris. Le temps de me remettre de mes émotions l’homme avait de nouveau perdu connaissance et s’étendait, inanimé, le nez dans la poussière. »

 

Table des Matières

 

16 mars 2010

II - 3


En deuxième page figurait un mot écrit à son attention. Le lire fut difficile pour elle, ramenant la douleur vive de la perte de son grand-père. La fin lui arracha tout de même un sourire.

            «  Ma chère Cécile, si tu lis ceci c’est que je ne suis plus. Je regrette de te transmettre une partie de ma vie que tu ignores de manière indirecte. J’aurais aimé le faire de vive voix mais le destin en a décidé autrement. Connaissant notre amour commun des livres j’étais sûr que tu ne passerais pas à côté de ce carnet, du moins je l’espère. Les quelques notes qui suivent te feront penser aux délires d’un vieux fou. C’est ce que tout le monde penserait en les lisant mais je sais que toi tu me croiras et le cas échéant je te demande de m’accorder le bénéfice du doute et de me suivre une dernière fois dans un de mes voyages. Je sais que je vais te manquer mais la vie qui t’attend devrait t’offrir plus que je ne l’ai fait de mon vivant. Prends bien soin de toi et s’il te plaît évite moi tes yeux de grenouille. Je t’aime ma petite fille. Merci de ce que tu as fais de ma vie. Ton Papi Alfred»

            Malgré la chape de plomb qui lui pesait, Cécile réussit à retenir ses larmes. Elle lui devait bien ça. Une fois sa première émotion passée, la jeune femme relut le mot. Elle ne comprenait pas l’allusion de son grand-père aux élucubrations d’un vieux fou. Elle ne voyait pas comment un carnet de notes aurait pu l’amener à de telles considérations. Son g rand-père avait toujours été un homme d’une grande sagesse et d’une grande érudition. Il était très aimé dans son village ; respecté aussi. Et surtout ce n’était sûrement pas elle, sa propre petite fille, qui se permettrait de penser cela de lui. Elle se demanda ce qui dans le contenu du manuscrit, qu’elle ne cessait de retourner entre ses mains, pourrait l’amener à revoir sa position. Rien pensa Cécile. Parce que même si ces quelques pages contenait un charabia abracadabrantesque, l’amour qu’elle éprouvait pour son grand-père l’emporterait. Elle se décida à sortir de sa réflexion et repris le cours de sa lecture.

 

Publicité
25 février 2010

Darling - Jean Teulé

Livre biographique racontant le calvaire d'une normande battue et humiliée toute sa vie, ce livre de Jean Teulé est très émouvant. Impossible de croire que tout ceci puisse être vrai et pourtant ! Des milliers de femmes sont battues dans le monde chaque jour et ce livre vous ramène face à la dure réalité de la vie pour ces femmes le plus souvent résignées.

Merci à Jean Teulé pour nous avoir livré le témoignage autentique de Darling.

Darling - Jean Teulé

dar

23 février 2010

Misery - Stephen King

Surement pas le meilleur Stephen King, mais un très bon livre. La mise en route est difficile, à la manière d'autres livres de l'auteur. J'ai aisément pu comprendre pourquoi ma femme disait ne pas aimer Stephen King. Un seul essai de lecture, ce livre, et au collège... donc à moins d'être vraiment accro à l'auteur effectivement il est possible de craquer.

Mais quel n'est pas ce bonheur intense lorsque vous passez le cap est découvrez derrière un magnifique jeu d'écrivain. Une pièce, 2 personnages, 400 pages haletantes.

A lire bien entendu !

Misery - Stephen King

mis

17 février 2010

Roméo et Juliette - William Shakespeare

Incontournable tout simplement ! A lire et relire à volonté. Pour les anglophones la version dans la langue de Shakespeare vaut plus que le détour.

Bonne lecture !

Roméo et Juliette - William Shakespeare

9782290334829

15 février 2010

Le symbole perdu - Dan Brown

Dernier opus en date de Dan Brown mettant en scène son expert en symbologie le Pr Robert Langdon, Le Symbole Perdu vous entraîne au coeur de Washington , de l'Amérique des pères fondateurs et du l'univers des francs-maçons.

Même si le rythme reste toujours bon, j'ai trouvé que Dan Brown s'essoufflait et qu'il nous ressassait un remake du Da Vinci Code et de Anges & Démons. Le style d'écriture est bien évidemment identique à celui de ses précédents succès, l'intrigue et le dénouement n'étonneront personne. Le seul point positif est selon moi la capacité que possède Dan Brown à fouiller dans l'histoire et à baser ses romans sur des recherches historiques poussées. Maintenant où s'arrète l'Histoire et où commence l'histoire... mystère !

Le Symbole Perdu - Dan Brown

le_symbole_perdu

31 janvier 2010

Sang Royal - C.J. Samson

L'histoire de Sang Royal se déroule dans l'Angleterre des Tudor sous Henri VIII. Vous suivez les déboires d'un avocat bossu impliqué bien malgré lui dans un complot. Ce n'est pas tant l'histoire que la manière dont C.J. Samson plante le décors historique qui vous maintienne en haleine.

A mon sens il ne s'agit pas d'un grand romancier mais d'un historien hors pair. A lire...

v_book_1874

30 janvier 2010

II - 2

 

Cécile cligna des yeux à plusieurs reprises avant de passer le dos de ses mains sur ses paupières. Il devait être tard. La clarté du petit matin emplissait déjà le grenier. Elle allongea ses bras au-dessus de sa tête, détendis ses jambes engourdies et s’étira. Son dos était endolorie par l’inconfort d’une nuit passée dans le rocking-chair. Pourtant son sommeil n’avait pas été perturbé le moins du monde. Pas un réveil nocturne, pas un cauchemar pour perturber la nuit passée sous les combles. Cécile inspira par le nez un grand coup pour reprendre la mesure des odeurs qui l’enveloppaient. Elle entendait le ploc ploc continue de l’eau tombant dans la gouttière au niveau du coude que la tuyauterie faisait sous la lucarne.

            La jeune femme se leva. Elle fit plusieurs fois le tour du grenier en prenant garde de ne pas trébucher sur ses lacets défaits. La sensation de fourmis courant le long de ses jambes jusqu'à ses cuisses finit par s'estomper. Cécile se rassit dans le vieux fauteuil auquel elle imprégna un doux mouvement de balancier. Elle essaya de vider son esprit se fixant sur les odeurs qui l'entouraient, essayant de détacher les senteurs les unes des autres. Difficile dans un environnement aussi poussiéreux. Elle s'assoupit.

            Cécile s'était réveillé de nouveau et laçait ses chaussures lorsque son regard fut attiré vers l'une des piles de livres. Juste devant la commode, au milieu d’un empilement de romans – on y trouvait notamment des ouvrages d’Emile Zola, de Jean Giono et Ferdinand Céline ou encore Le Prince de Nicolas Machiavel – elle distingua un livre vert anis dont la tranche était tellement usée qu’il était impossible d’en lire le titre ou l’auteur. Sans même finir de nouer ses tennis elle souleva les premiers volumes afin de lire la couverture de celui qui avait retenu son attention. A sa grande surprise aucune inscription ne figurait sur le devant de l’œuvre en dehors d’un dessin au crayon noir représentant un pentagone étoilé à l’intérieur d’un cercle. Elle connaissait ce symbole. Il était censé représentait le nombre d’or. Cécile l’avait étudié en terminal en même temps que la suite de Fibonacci. Mais quelle pouvait être sa signification ici. Un essai de Pacioli sur la divine proportion peut-être. La jeune femme tourna la page de couverture et fut abasourdie. En première page au-dessus des initiales A.J.M.Vreizh, celles de son grand-père, figurait une inscription écrite par sa main dans une langue différente du français.

            « C’hwec’h Gouarnered Daü Pabenda Rouantelezh »

            Elle glissa alors sa mains dans l’encolure de son sweat pour en ressortir le médaillon qu’elle portait autour du cou. Gouarner, daü, elle avait déjà eu l’occasion de voir ces deux mots. Elle retourna le bijou. Elle ne se trompait pas, ils étaient bien là.

            « Dwür Leòghann Gâm Daü Gouarner Skeud »

            Mais qu’elle était donc cette langue étrange. Cécile retourna le manuscrit espérant trouver d’autres éléments d’information. Elle avait les mains moites sans savoir pourquoi. Au dos du livre la jeune femme ne dénicha aucune inscription. Elle se posa une nouvelle fois dans le rocking-chair et entreprit de lire le carnet de son grand-père. Elle désirait comprendre la signification de ces deux phrases, si tant est que les pages ne soient pas également toutes dans cet étrange dialecte.

            Cécile feuilleta brièvement les pages sans chercher à en comprendre la teneur mais simplement pour contempler les plats et les déliés de l'écriture encore très scolaire de son grand-père. Le livret ne contenait pas seulement du texte, mais également de nombreuses illustrations. Elle retrouva une représentation très fidèle de son médaillon avec une copie de la phrase inscrite au dos, sans traduction. D’autres amulettes semblables étaient également dessinées sur le calepin. Elles ne différaient que par la pierre centrale représentant un autre animal. Tout cela n’avançait pas la jeune femme. Elle entreprit de lire les notes depuis le début. Peut-être trouverait elle de plus amples explications. Bien calée dans le vieux fauteuil le duvet remonté jusqu’au cou, il ne faisait pas suffisamment chaud pour s’en passer ce matin-là, Cécile entreprit la lecture des notes de son aïeul.

 

28 janvier 2010

II - 1

Il fallut à Cécile une vingtaine de minutes environ pour arriver à l’entrée du Chemin des Carrières. Il faisait sombre en cette fin de journée pluvieuse. Le chemin n’était pas éclairé. Ce n’était pas nécessaire. Il ne restait qu’une maison encore habitée sur les deux que comptait le chemin. Celle de son grand-père, autrement dit la sienne maintenant. Elle avait du mal à se faire à cette idée. Mais elle préférait cela plutôt qu’elle eut été vendue, ou léguée à sa mère qui l’aurait sûrement vendue de toute façon.

La grille métallique grinça lorsque Cécile l’ouvrit. Les ombres du crépuscule s’allongeaient dans le jardin et sur l’allée menant au perron et à ses deux demi-marches. Le vent frais chargé de pluie lui fouettait le visage. Elle accéléra le pas. Son sac de voyage n’était pas imperméable et ses prises de notes bien trop précieuses pour prendre le risque de laisser l’eau pénétrer à l’intérieur. Une fois sous l’avant-toit de la petite longère Cécile s’ébouriffa les cheveux et sortit sa clef. Elle la tourna dans la serrure. Le verrou cliqueta. Elle remit son sac sur son épaule et poussa la porte d’entrée.

Il faisait frais à l’intérieur, plus que dehors encore. Elle repoussa la porte derrière elle et alluma la lumière. Les volets étaient restés fermés. Il n’y avait pas d’entrée à proprement parler. On arrivait directement dans la pièce principale, la salle à manger en quelque sorte. Cécile posa son sac sur la table recouverte d’une nappe plastifiée à grosses fleurs marron et balaya la pièce du regard, comme pour voir si tout était en ordre et si rien ne manquait. La décoration et le mobilier étaient assez sobre et d’une autre époque. La tapisserie dont les motifs rappelait étrangement ceux de la nappe commençait à se décoller par endroits, des taches verdâtres de moisissures apparaissant dans les coins et au plafond.

- Il faudra faire quelque chose pour ça, se dit Cécile à voix haute.

Elle avait souvent tanné sont grand-père pour faire retapisser la maison. Il prétextait qu'il n'en avait pas le temps ou qu'il n'en voyait pas l'intérêt. C'était surtout qu'il préférait les balades au grand air plutôt que de rester enfermé à encoller du papier et poser des lais.

Elle se dirigea sur sa gauche vers une commode reconvertie en meuble à chaussure afin d’enlever ses bottes en cuir et de mettre des chaussons. Elle en avait toujours une paire ici. Pour les cas d’urgence disait en souriant son grand-père. Cécile tira sur le deuxième tiroir en partant du haut et mit ses pantoufles aux pieds. Elle resta un instant à contempler les chaussures du défunt, bien alignées, qui ne serviraient plus. Elle décida de ne pas y toucher pour le moment. Le grand ménage n’était pas pour tout de suite. Chaque chose en son temps.

Cécile déposa ses affaires, ou du moins son sac dans l’unique chambre que comptait la maison. Elle ne déferait pas ses affaires ce soir. Elle n’avait pas besoin de grand chose en dehors de son duvet pour dormir dans le grenier. Une idée qui lui était venue de manière très spontanée tant elle aimait cette pièce.

Cécile se réchauffa rapidement une conserve de ravioli. A peine fut-elle sortie du micro-onde que la jeune femme se hâta de l’engloutir s'en brûlant la langue et le palais lors des premières bouchées. Elle débarrassa la table sans faire sa vaisselle. Une mauvaise habitude d’étudiante se plaisait-elle à penser. Mais à vrai dire faire la vaisselle en temps et en heure n’avait jamais été son fort. Elle attendait fréquemment qu’une pile se soit formée dans l’évier et que les placards soient vides pour se décider et cela depuis toute petite. Sa mère ne portait pas grand intérêt aux tâches ménagères et Cécile avait du assumer la gestion de la maison dès son plus jeune âge.

La jeune femme sortit sa trousse de toilette de son sac et gagna le petit cabinet de toilette. Cette petite pièce avait été rajouté il y a quelques années seulement par le grand-père de Cécile afin d’accueillir sa petite fille dans de meilleures conditions. Il avait pour cela fait monter des cloisons en empiétant sur sa chambre. La salle d’eau ne comptait qu’une vasque blanche surmontée d’un miroir ovale et les sanitaires. Cécile se rappelait parfaitement le jour où son grand-père lui avait fait la surprise. C’était lors des vacances de Pâques, pendant son année de seconde. Elle s’était plainte à lui de ne pas avoir suffisamment d’intimité maintenant qu’elle grandissait et que faire sa toilette dans l’évier de la cuisine la dérangeait de plus en plus. Sans parler des latrines sèches à l’ancienne qui se trouvaient sur le côté de la maison. Gelées en hivers, emplies de mouches en été et effrayantes la nuit. Elle se souvint que quand elle avait dans les huit ou neuf ans et qu’elle s’estimait suffisamment grande pour ne plus utiliser le pot de chambre, elle courait le plus vite possible pour gagner ce qui servait de WC et ressortait encore plus vite qu’elle n’était entrée pour retourner se blottir sous sa couette, terrorisée. Cécile se lava les dents et se changea. Pour l’occasion elle avait ressorti un vieux pyjama en polaire gris avec un ourson floqué sur le devant qu’elle ne portait plus parce qu’il était un petit peu court. Il ne serait cependant pas de trop si elle voulait pouvoir dormir dans le grenier sans grelotter toute la nuit. En se regardant dans le miroir elle se promit de ne jamais le mettre en présence d’un garçon.

Elle prit soin de refermer la porte d’entrée à clef, son duvet sous le bras et une lampe torche à la main. Elle avait chaussé de vieilles tennis et s’était recouverte d’une grosse parka d’hiver. L’escalier menant au grenier se trouvait dans le garage. Dans le temps les combles étaient utilisés pour stocker le foin pour les lapins et les pommes de terre pour passer l’hiver. Lorsque Cécile ouvrit l’un des battants de la porte du garage elle ressentit un frisson qui parcouru toute son épine dorsale et lui donna la chair de poule. Elle se retourna. Elle avait l'étrange sensation d'être observée. Ses yeux habitués à l’obscurité scrutèrent le jardin et au-delà de la clôture. Il ne pleuvait plus et seule une légère bise brisait le silence de la nuit, animant les branches quasi nues des arbres et les feuilles mortes jonchant le sol. Rien ne bougea. Elle mit son frisson sur le compte de l’angoisse qui l’avait gagné au cours de l’après-midi. Elle savait que l’antidote serait l’odeur des livres et le balancement du rocking-chair.

Cécile rabattit soigneusement le loquet et ne monta qu’après s’être bien assurée de la solidité de ce dernier. Le sol du garage était en terre battue comme cela se faisait souvent dans les campagnes. La voiture de son grand-père, une Citroën Xsara bleu Léman métallisé, ne ménageait qu’un étroit passage jusqu’à l’escalier. Cécile monta la volée de marches inégales et abruptes avec une aisance particulière. Elle aurait pu atteindre le palier les yeux fermés sans trébucher ou buter dans une seule marche. Elle connaissait par cœur chacune d’elles et la manière dont elles se suivaient. Petite, ses pieds s’étaient de nombreuses fois heurtés au nez des marches. Mais plus maintenant. Plus depuis longtemps.

Assise, ses genoux ramassés contre son corps, emmitouflée dans son duvet, bercée par le balancement doux qu’elle imprégnait au rocking-chair, Cécile s’endormit rapidement dans la semi-pénombre. Les nuages poussés par le vent avaient suivi la pluie et l’astre lunaire dans son premier quartier transformait la noirceur de la nuit en un jeu de clairs-obscurs.

19 janvier 2010

Labyrinthe - Kate Mosse

Premier succès de Kate Mosse (ceux qui pensent qu'il s'agit du mannequin je vous conseil de consulter le lien et de changer de références), Labyrinthe est un livre sensationnel. Dès le début le lecteur ne peut qu'être subjugué par ce style d'écriture si fluide et en même temps si détaillé. L'intrigue est palpitante et le concept contemporain/historique m'a beaucoup plut (en même temps je reprends plus ou moins le même concept dans la Gardienne d'Ombre, mais je ne vous en dis pas plus.

A lire, relire et surtout un style d'écriture à étudier !

Labyrinthe - Kate Mosse

9782253119005

17 janvier 2010

Avant le chapitre II

 

« Plus une découverte est originale, plus elle semble évidente par la suite. »

Arthur Koestler

Suite

Table des Matières

17 janvier 2010

Fin du chapitre I

J'attends vos impressions avec impatience. J'ai remarqué que certains avaient relevé certaines fautes d'orthographe, de grammaire, de conjugaison ou bien de syntaxe. Merci de ne pas hésiter à me dire où elle se cachent. Le nez dans son texte on peu parfois passer à côté d'erreurs plus grosses que soi.

Et puis je ne suis pas un littéraire pour deux sous à la base !

17 janvier 2010

I - 5

 

Après avoir rempli quelques formalités administratives supplémentaires, concernant notamment la prise en charge des frais de succession, car même si tout était prévu de nombreux papiers restaient à signer et à parapher, Cécile et sa mère prirent congé de Maître Landais.

La jeune femme fut la première à rompre le silence. Elles n’avaient pas dit un mot depuis la sortie du bureau du notaire il y avait cinq bonnes minutes.

- Maman ? Tu savais que papi avait pris de telles dispositions nous concernant ? demanda la jeune femme en relevant le coin de son parapluie, la pluie tombant maintenant à grosses gouttes.

- Non, répondit sa mère sans lui adresser le moindre regard, faisant simplement attention où elle mettait les pieds.

- Ah, d’accord dit Cécile perplexe. Je pense que maintenant je vais aller vivre chez papi. Cela ne me coûtera pas plus cher que de vivre dans mon clapier à lapin de la cité universitaire et je m’y sentirai plus à mon aise. Si tu acceptes de continuer à m’aider financièrement bien entendu.

- Fais comme tu veux. Mais je ne te donnerai pas plus qu’actuellement. Si ça ne suffit pas je ne veux pas en entendre parler.

Le ton catégorique de Margarette aurait choqué bon nombre de personnes en un instant comme celui-ci mais sa fille ne sourcilla pas, ne sembla même pas remarquer à quel point ce ton tranché pouvait être déplacé. Une question d’habitude très certainement. Les deux femmes se sé parèrent en se disant à peine au revoir. Cécile prit la direction de la place des Quatrans. Elle devait prendre le tramway et remonter au centre hospitalier et universitaire pour aller y chercher sa voiture.

En passant devant la librairie « Au Brouillon de Culture » elle s’arrêta. En vitrine étaient présentés les trois tomes de la trilogie Millénium de Stieg Larsson. Les critiques littéraires étaient bonnes. Cécile hésita et décida d’entrer dans la boutique. Les livres étaient son échappatoire, son refuge depuis qu’elle savait lire. Et cette odeur enivrante que dégageaient l’encre et le papier était comme une drogue.

Cécile se dirigea vers sa droite en direction des nouveautés et des polars. Elle lisait de tout mais avait un faible pour les polars et la science-fiction. Tolkien, Asimov, King et bien d’autres auteurs n’avaient que peu de secrets pour elle. A peine avait-elle fait deux pas vers l’ilôt central sur lequel s’affichaient les meilleurs ventes de l’automne que Cécile fut prise d’une sensation étrange. Elle commença par sentir des fourmillements dans le bout de ses doigts se propageant à l’ensemble de ses mains. Elle eu l’impression qu’un étau enserrait sa poitrine rendant sa respiration haletante et difficile. Puis vinrent les sueurs et cette atroce sensation vertigineuse. Cécile comprit rapidement qu’elle faisait une nouvelle crise d’angoisse. Elle rassembla ses dernières forces pour sortir de la librairie et s’asseoir sur un rebord devant l’une des vitrines. Elle mit un moment avant de réussir à se détendre et pouvoir ainsi respirer plus librement.

Ce n’est qu’une fois la crise passée que Cécile laissa à ses larmes toute la liberté de couler. Retenir son chagrin devant le notaire et surtout devant sa mère lui avait beaucoup coûté mais c’était nécessaire. Elle ne voulait pas offrir ce spectacle à un inconnu et à cette femme qui l’avait mise au monde sans vraiment l’élever ou l’aimer par la suite. Elle pleura ainsi autant qu’elle le put, jusqu’à ce que ses glandes lacrymales ne puissent plus inonder ses yeux rouges et bouffis. Son grand-père aimait lui dire qu’elle avait des yeux de grenouille quand elle venait de pleurer. Elle se retourna,se regarda dans la vitrine et sourit.

Cécile se détendit en fermant les yeux et en fixant son esprit sur sa respiration, l’objectif étant d’en diminuer la fréquence. Une fois qu’elle se sentit suffisamment alerte pour reprendre son chemin elle ouvrit les yeux et se leva. La faible luminosité de la journée n’empêcha pas la jeune femme d’être éblouie un court instant. De nouveau prise d’une sensation vertigineuse elle craignit que cela ne recommence. Peut-être s’était-elle levée trop rapidement ? Elle attendit.

Au bout de deux ou trois minutes, un peu ragaillardie, Cécile reprit son chemin. Elle décida de passer par la rue Froide, même si ceci devait la rallonger. Au point où elle en était, elle pouvait s’offrir le loisir de quelques minutes de trajet supplémentaires. Cette rue semi-piétonne était l’une des préférées de la jeune femme. Elle aimait non seulement les magasins s’y trouvant, ceux de livres et de bandes-dessinées bien entendu, mais également l’atmosphère qui y régnait. La rue elle-même semblait avoir une âme, bien plus chaleureuse que son nom ne le laissait entendre. Cécile ralentit le pas pour que dure davantage son passage rue Froide.

A mi-chemin environ, l’atmosphère était pleine de l’odeur d’encens s’échappant d’un des magasins. Santal, chèvrefeuille, réglisse, anis, menthe, jasmin, patchoulis et d’autres parfums encore agitaient ses papilles olfactives. Peu à peu, au fur et à mesure que la jeune femme descendait la rue et approchait de l’église Saint-Sauveur, les effluves odorants s’estompèrent, s’évaporant dans l’air.

L'Église Saint-Sauveur, autrefois appelée l'Église de Froide-Rue, était l'un des nombreux monuments historiques de Caen. Le surnom de « ville aux cents clochers » était vraisemblablement exagéré mais ils étaient tout de même nombreux avant les bombardements de 1944 et les affrontements de la bataille de Normandie, période charnière de la libération de la France par les forces alliées lors de la seconde guerre mondiale. La jeune femme s’arréta pour contempler les reliefs de l’architecture gothique de l’église. Elle s’imaginait le moyen-âge et la sortie de la messe sur le parvis de l’église. Un parvis noir de monde. Aujourd'hui l'église Saint-Sauveur n'était plus autant fréquentée. Ce n'était plus le lieu d'accueil et de repentir d'avant. La jeune femme trouvait cela dommage. Même si on ne pouvait pas dire qu'elle était une fervente catholique, elle croyait en Dieu et à un pouvoir supérieur. Elle voyait dans les églises des lieux propices à l'apaisement et à l'introspection.

Cécile reprit la direction de l’arrêt de tramway des Quatrans. Elle sentait son esprit plus léger. Se laisser transporter un instant au fil de la rue Froide lui avait fait le plus grand bien. Remonter l’histoire également. Elle aurait aimé vivre dans une autre époque. Le Moyen-Age l’attirait particulièrement. C’était la période historique qu’elle préférait. Ses châteaux et ses donjons, ses chevaliers et ses bandits de grand chemin, sa croyance en la magie et aux sorcières, tous ces éléments qui donnaient selon elle son charme à cette époque qu’avait connu l’humanité. Certes la vie n’avait certainement pas le même confort, surtout pour les habitants des campagnes ou les basses classes sociales, loin des tenues d’apparat de la cour et de ses banquets gargantuesques.

Après une quinzaine de minutes de trajet en tramway, transformé pour l’occasion en boîte de sardine en cette heure de pointe, Cécile arriva au CHU. Sa voiture, une Nissan Almera, avait peut-être plus de dix ans, pas loin de cent soixante milles kilomètres et une carrosserie rouge bordeaux pleine de bosses mais cela n’empêchait pas le moteur de tourner encore comme une horloge. Il démarra au quart de tour. Elle avait l’intention de passer vite fait récupérer le peu d’affaires qu’il y avait dans son neuf mètres carré, notamment ses cours, et de filer chez son grand-père pour s’isoler, se couper du monde quelques jours. Elle en profiterait pour apprendre ses cours. L’atmosphère calme et l’odeur de livres du grenier lui avaient toujours permis de passer des caps difficiles. C’était son refuge, le vieux rocking-chair la berçant comme une mère berce son enfant lorsqu’il pleure ou se réveille après avoir fait un cauchemar.

Suite

Table des Matières

14 janvier 2010

Devenez Fans

Si vous aimez "La Gardienne d'Ombre" n'hésitez pas à le faire savoir en devenant fans de ma page sur facebook et en le faisant savoir à vos amis !

6 janvier 2010

PAL (Pile d'Attente de Lecture)

Le miroir de Cassandre - Bernard Werber

Hamlet - William Shakespeare

Salem - Stephen King

Shining - Stephen King

Couverture_Le_Miroir_de_Cassandre_Bernard_Werber9782290335291

salemking_shining_09

6 janvier 2010

Anne de Bretagne - Henri Pigaillem

Anne de Bretagne, duchesse de Bretagne te deux fois reine de France. Son histoire racontée par Henri Pigaillem romancier et biographe vous entrine dans les tourment d'une femme qui restera pour encore des génération un emblême et un exemple pour tout les bretons et toutes les bretonnes.

Prix des Lauriers Verts de la biographie décerné en 2008.

Anne de Bretagne - Henri Pigaillem

6 janvier 2010

I - 4

 

Après avoir mangé un repas en silence dans un snack du centre-ville, elles prirent à pied la direction de la place Saint-Sauveur où se trouvait l’office notariale. Il faisait déjà froid pour la saison six ou sept degrés tout au plus. Il ne pleuvait pas mais le ciel menaçait depuis la fin de matinée. Les rues étaient plutôt calmes et les rares passant qui, comme elles, avaient eu le courage de mettre le nez dehors avançaient d’un pas vif en essayant de rentrer le plus possible leur tête dans le col de leurs manteaux pour se protéger du froid. Les premières gelées de la saison étaient annoncées pour la fin de la semaine. Conséquences directes du réchauffement de la planète et des gaz à effet de serre disaient les écologistes.

L’office notariale se situait au premier étage d’un ancien hôtel particulier du XVIIIème siècle en pierre de Caen. Rares sont les vestiges de cette époque dans une ville rasée à près de quatre-vingt dix pour cent lors des bombardements et des combats de juin à août 1944. Certaines photos d’archives de cette époque montrent une ville détruite en dehors de certains de ses monuments qui semblent étrangement intactes comme par exemple l’église Saint-Sauveur avec sa flèche surplombant toujours la ville malgré les ravages des bombes.

Les deux femmes poussèrent l’un des deux vantaux de la porte bleu cobalt sur laquelle était apposée la plaque du notaire Maître Landais et franchirent le seuil en prenant garde de bien lever les pieds.

Elles se retrouvèrent directement dans un vestibule peu lumineux. Le sol très inégal indiquait par son usure le chemin à suivre en direction d’un escalier. Les murs du vestibule étaient nus en dehors de deux appliques, une seule fonctionnait. Cécile laissa sa mère passer devant pour gravir les marches menant au premier étage. La jeune fille effleura la rampe de fer forgée surmontée d’une tablette en noyer du bout de ses doigts engourdis par le froid et le contact du bois l’apaisa légèrement, les marches de pierres et la balustrade métallique rendant l’atmosphère encore plus glaciale que le temps quasi hivernal.

Elles entrèrent après avoir sonné à la seule porte de l’étage. Une femme avec des cheveux coupés au carré, blonds cendrés, d’une trentaine d’années élégamment vêtue d’un tailleur bleu marine les reçu et les dirigea vers une petite pièce où étaient disposés cinq chaises ainsi qu’une table basse dans un coin et un présentoir rempli de livrets explicatifs sur les divers domaines d’intervention des notaires allant du contrat de mariage à l’achat de biens immobilier en passant par l’aide à la gestion du patrimoine des entreprises.

- Maître Landais va vous recevoir dans quelques minutes. Si vous voulez bien patienter, dit-elle tout en leur désignant les chaises d’un geste de la main gauche. Sa voix douce mais assurée collait tout à fait avec le personnage constata Cécile.

Elle sortit sans ajouter un mot tandis que Cécile se dirigeait vers la fenêtre en faisant mine de s’intéresser à ce qu’il pouvait se passer à l’extérieur afin d’éviter de croiser le regard de sa mère et d’avoir à entamer un semblant de discussion. Cette dernière s’assit au plus près de la porte et entreprit de vérifier si son maquillage n’avait pas besoin d’être retouché. Rien que pour ses manières Cécile la détestait.

Margarette Vreizh était une femme à qui la cinquantaine réussissait. Enfin c’est ce qu’elle pensait et ne cessait répéter à qui voulait l’entendre, surtout aux associés de son cabinet d’expertise comptable. Il est vrai que c’était une belle femme brune, un peu en chair – cela plaît aux hommes affirmait-elle – mais peu marquée par les ans. Son apparence, et ce que les autres pensaient d’elle, prenait une place conséquente dans son quotidien; et quel drame si les caprices du temps réduisaient à néant ses efforts pour maintenir son brushing.

Elle avait eu Cécile par accident, comme elle se plaisait à le répéter, avec un homme de passage qui n’avait pas reconnu sa fille. En fait il n’y avait jamais eu que des relations éphémères, une quinzaines de jours représentant déjà une longue idylle pour cette femme qui avait fait ce que les médecins avait appelé un déni de grossesse et qui du coup s’était retrouvée maman à trente ans passés, du jour au lendemain sans savoir quoi faire, s’en même y avoir pensé un seul instant. Elle avait déjà des difficultés pour s’assumer, changeant de lieu de travail tout les deux ou trois mois sans motifs, vivotant aux crochets de son père veuf depuis la naissance de sa sœur, elle même morte à l’âge de trois ans d’une méningite. Fuir devant les responsabilités était pour elle la seule façon de voir la vie. Voilà vraisemblablement pourquoi Cécile avait été plus élevé par son grand-père que par sa propre mère. Mais maintenant qui allait s’occuper de qui.

Dehors la pluie s’était mise à tomber en petites gouttes fines faisant luire les pavés de la place Saint-Sauveur. Le ciel d’un gris uni et triste donnait l’impression d’avoir abaissé son plafond au faîte des maisons entourant la place. Les phares des voitures commençaient déjà à s’allumer en dépit cette heure peu avancée de l’après-midi. Le réchauffement climatique ne réussissait véritablement pas à la Normandie. Enfin cela réjouissait au moins une personne. Cécile appréciait davantage la pluie que la plupart des gens. Elle n’aurait su l’expliquer. Peut-être était-ce à cause de ses nombreuses promenades avec son grand-père, encapuchonnées dans son ciré a attendre dans les bois que tinte la douce mélodie de l’eau sur les feuilles, les branches mortes, les pierres et le sol moussu. Elle aimait rentrer trempée jusqu’aux os et se réchauffer au près de la cheminée, que son grand-père n’allumait qu’en ces occasions, en savourant une tasse de chocolat chaud aromatisé à la cannelle.

Cécile se retourna en entendant les talons de la femme qui les avaient reçu claquer sur le parquet. Elle les invita à les suivre.

- Maître Landais est prêt à vous recevoir, leur dit-elle.

Elle les laissa passer devant elle pour entrer dans le bureau et referma délicatement la porte derrière elles. La pièce était assez spacieuse et surtout très richement décorée. L’atmosphère y était chaleureuse, de petites lampes disposées à divers endroit dans la pièce diffusant une lumière feutrée mais suffisante pour que les yeux n’aient pas à forcer pour lire.

Maître Landais se leva de derrière un bureau double face massif en acajou recouvert d’une plaque de verre sous laquelle était placée une copie d’une ancienne carte du monde.

- Bonjour mesdames, asseyez-vous je vous pris, dit-il en leur serrant fermement la main et en désignant les deux fauteuils face à lui.

Il se rassit à son tour et repris.

- Comme je vous l’ai expliqué par téléphone votre père et grand-père – il tourna la tête de l’une à l’autre des deux femmes – m’a chargé de vous transmettre son testament. Ses dernières volontés en quelque sorte.

Cécile avait du mal à donner un âge à cet homme tant la blancheur de ses cheveux contrastait avec la vivacité de son regard et de ses paroles. Sa peau légèrement halée était peu marquée. Il portait un costume noir très sobre avec cravate assortie sur une chemise ivoire à col anglais.

- Voici donc le document en question daté d’il y a deux mois environ, précisément le 5 septembre 2008 et signé de la main de Monsieur Alfred, Jean, Marie Vreizh. Il déclare léguer à Madame Margarette, Jeanne, Bernadette Vreizh deux comptes en banque respectivement de vingt-sept mille trois cent cinquante-deux euros et vingt-six cents pour le premier et de dix-huit mille six cent quarante-deux euros et trente-deux cents pour le deuxième, et à Mademoiselle Cécile, Anne, Marie Vreizh sa maison Chemin des Carrières à Feuguerolles-Bully ainsi que tout ce qui s’y trouve, énuméra-t-il de sa voix claire articulant chaque mot sur un ton très cérémonial semblant sortit d’une autre époque.

Les deux femmes réagirent très différemment l’une de l’autre. L’une affichait un large sourire devant la somme qui l’attendait, quasiment quarante-six mille euros. Le calcul était rapide pour qui manipulait les chiffres à longueur d’années. Et nombreuses étaient les idées qui lui venaient à l’esprit pour les dépenser. Cécile quant à elle restait abasourdie, la bouche entre-ouverte, le regard troublé. Sa maison. Son grand-père lui laissait sa maison. Et tout les trésors qu’elle abritait pour certains depuis deux générations.

- Monsieur Vreizh a également pris en compte tout ce qui concerne les frais des droits de succession. Si vous acceptez les legs je vais vous demander de bien vouloir parapher de vos initiales en bas de chacune des pages et de signer la dernière. Si vous le voulez bien, dit-il en leur tendant à chacune plusieurs exemplaires de l’acte testamentaire et un stylo bille bleu.

- Et si l’on ne désire pas signer ? demanda Cécile.

La question était sortie de sa bouche sans passer par son cerveau songea-t-elle. Sa mère la fusilla du regard, tandis que le notaire ne sourcilla même pas. Elle ne devait pas être la première à s’interroger sur le devenir d’une dotation en cas de refus des héritiers. Bien que la question se posa surtout lorsqu'il existait des dettes associées.

- Dans ce cas les biens reviennent à l’Etat français qui décide ensuite de ce qu’il convient d’en faire, répondit-il sereinement. Pour un bien immobilier il est le plus souvent revendu aux enchères.

Margarette Vreizh en arrivait déjà à parapher son troisième exemplaire, craignant visiblement que tout ne soit qu’un mirage et ne disparaisse dans la seconde. Cécile avait les yeux rivés sur le texte sous lequel elle devait écrire ses initiales. Sans réussir à le lire, elle ne voyait qu’un mélange de blanc et de noir. Plus elle fixait la feuille, plus l’image devenait floue. D’un seul coup le texte parut se mouvoir pour prendre une forme bien claire et délimitée. La forme d’un animal. Au début elle crut discerner un chien puis elle se rendit rapidement compte de son erreur. Il s’agissait un félin, plus précisément d’une panthère noire comme sur le pendentif offert par son grand-père. La jeune femme releva alors les yeux de la feuille pour retrouver ses esprit ainsi qu’une vision nette. Elle apposa alors sa signature à la fin de chacun des feuillets comme demandé.

Publicité
1 2 > >>
Publicité
Publicité